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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/506

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23. Ainsi, le Seigneur Dieu d’Israël renversa l’Amorrhéen, Israël son peuple combattant contre lui, et toi maintenant, tu veux posséder sa terre ?

24. Ce que possède Chamos ton dieu, ne t’est-il point dû légitimement ? Or, ce que le Seigneur notre Dieu a acquis comme vainqueur, viendra en notre possession.[1]

25. À moins que tu vailles mieux que Balac, fils de Séphor, roi de Moab, et que tu nous montres qu’il se soit plaint d’Israël, et qu’il ait combattu contre lui,[2]

26. Quand il habita à Hésébon et dans ses bourgades, à Aroer, et dans ses villages, ou dans toutes les villes près du Jourdain, pendant trois cents ans. Pourquoi, pendant un si long temps, n’as-tu rien tenté au sujet de cette réclamation ?[3]

27. Ainsi, ce n’est pas moi qui suis en faute avec toi, mais c’est toi qui agis mal envers moi, me déclarant des guerres injustes. Que le Seigneur, arbitre de ce jour, juge entre Israël et entre les enfants d’Ammon.

28. Mais le roi des enfants d’Ammon ne voulut point acquiescer aux paroles de Jephté, qu’il lui avez mandées par les messagers.

29. Et l’esprit du Seigneur vint sur Jephté ; et Jephté parcourant Galaad, et Manassé, de même que Maspha de Galaad, et de là passant jusqu’aux enfants d’Ammon,

30. Il voua un vœu au Seigneur, disant : Si vous livrez les enfants d’Ammon en mes mains,

31. Quiconque le premier sortira des portes de ma maison, et viendra à ma rencontre, lorsque je retournerai en paix du pays des enfants d’Ammon, je l’offrirai en holocauste au Seigneur.[4]

32. Jephté passa ensuite chez les enfants d’Ammon, pour combattre contre eux ; et le Seigneur les livra en ses mains.

33. Il frappa aussi d’une très grande plaie vingt villes, depuis Aroer jusqu’à l’entrée de Mennith, et jusqu’à Abel, qui est plantée de vignes ; et les enfants d’Ammon furent humiliés par les enfants d’Israël.[5]

  1. Juges 11,24 : Chamos ton dieu. Voir 3 Rois, note 11.7. ― Ton dieu. Les Israélites n’attribuent qu’à leur Dieu unique une véritable divinité : ils traitent de faux dieux tous ceux qu’adorent les nations étrangères. Quand Jephté dit Chamos, ton Dieu, il parle le langage diplomatique. Cette expression n’est donc pas une profession de foi et ne prouve pas que Jephté croyait à la divinité de Chamos. Elle prouve seulement que le juge d’Israël voulait parler au roi des Ammonites un langage qui lui fût agréable, afin d’en obtenir la paix qu’il sollicitait.
  2. Juges 11,25 : Voir Nombres, 22, 2.
  3. Juges 11,26 : À Hésébon. Voir Nombres, 21, 25. ― À Aroer, sur l’Arnon, qui formait la frontière méridionale du royaume de Séhon.
  4. Juges 11,31-40 : Contre le sentiment de tous les anciens, plusieurs interprètes modernes prétendent que la fille de Jephté ne fut pas réellement immolée, mais seulement consacrée au service du sanctuaire. Quelque opinion qu’on adopte, on ne peut rien conclure contre la divinité de la religion des Hébreux. Car le vœu de Jephté est un fait qui lui est entièrement personnel. Il n’était pas commandé par la loi, puisque la loi au contraire défendait si expressément le sacrifice de victimes humaines. C’est un fait isolé, et auquel le grand prêtre et la majorité du peuple ne prirent aucune part.
  5. Juges 11,33 : Depuis Aroer, non pas probablement Aroer sur l’Arnon, mais Aroer de Gad, à l’est de Rabbath-Ammon, jusqu’à l’entrée de Mennith, au sud, et jusqu’à Abel, qui est plantée de vignes ou Abel-Keramim, sur la route qui va d’Aroer à Bosra.