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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/545

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son mari, lui dit donc : Anne, pourquoi pleures-tu ? d où vient que tu ne manges pas ? et pour quel motif ton cœur est-il affligé ? Est-ce que moi je ne vaux pas mieux pour toi que dix fils ?

9. Mais Anne se leva après qu’elle eut mangé et bu à Silo. Et, Héli, le prêtre, étant assis sur son siège devant la porte du temple du Seigneur,

10. Anne, qui avait le cœur dans l’amertume, adressa des prières au Seigneur, pleurant abondamment,

11. Et elle voua un vœu, disant : Seigneur des armées, si abaissant votre regard, vous voyez l’affliction de votre servante, si vous vous souvenez de moi ; si vous n’avez pas oublié votre servante, et que vous donniez à votre esclave un enfant mâle, je le donnerai au Seigneur pour tous les jours de sa vie, et le rasoir ne montera jamais sur sa tête.

12. Or, il arriva, que, comme elle multipliait ses prières devant le Seigneur, Héli observait sa bouche.

13. Mais Anne parlait en son cœur, ses lèvres seules étaient en mouvement, et sa voix n’était pas du tout entendue. Héli donc la jugea ivre,

14. Et il lui dit : Jusqu’à quand seras-tu ivre ? Laisse reposer quelque temps le vin qui t’enivre.

15. Anne répondant : Nullement, dit-elle, mon seigneur ; car je suis une femme très malheureuse ; le vin et tout ce qui peut enivrer, je n’en ai pas bu ; mais j’ai répandu mon âme en la présence du Seigneur.

16. Ne prenez pas votre servante pour une des filles de Bélial ; parce que c’est dans l’excès de ma douleur et de mon affliction que j’ai parlé jusqu’à présent.[1]

17. Alors Héli lui répliqua : Va en paix, et que le Dieu d’Israël t’accorde la demande que tu lui as faite.

18. Et Anne répondit : Plût à Dieu que votre servante trouvât grâce à vos yeux ! Et la femme s’en alla en son chemin ; elle mangea, et ses traits n’éprouvèrent plus aucun changement.

19. Après cela, ils se levèrent le matin, et ils adorèrent devant le Seigneur ; puis ils s’en retournèrent et vinrent dans leur maison à Ramatha. Or, Elcana connut Anne sa femme, et le Seigneur se souvint d’elle.[2]

20. Et, il arriva qu’après une révolution de jours, Anne conçut, puis enfanta un fils, et elle lui donna le nom de Samuel, parce qu’elle l’avait demandé au Seigneur.[3]

21. Or, Elcana, son mari, monta au temple, ainsi que toute sa maison, pour immoler au Seigneur l’hostie solennelle, et s’acquitter de son vœu ;

22. Mais Anne n’y monta point ; car elle dit à son mari : Je n’irai pas, jusqu’à ce que l’enfant soit sevré, et que je le conduise, afin qu’il paraisse en la présence du Seigneur, et qu’il y demeure perpétuellement.

23. Et Elcana, son mari, lui répondit : Fais ce qui le semble bon, et demeure jusqu’à ce que

  1. I Rois 1,16 : Bélial. Voir Deutéronome, 13, 13.
  2. I Rois 1,19 : Ramatha, la même ville que Ramathaïm-Sophim.
  3. I Rois 1,20 : Une révolution, etc. ; littéralement un cercle de jours ; c’est-à-dire, selon nous, une année. Il est incontestable que le mot jour, mis au pluriel, se prend quelquefois en hébreu pour une année.