Aller au contenu

Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/965

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
933
INTRODUCTION AU LIVRE DE TOBIE.

Ce livre forme un tout parfaitement coordonné et disposé avec un art admirable. Il est partagé en six sections formant autant de tableaux : Vertus et épreuves de Tobie ; vertus et épreuves de Sara ; voyage du jeune Tobie en Médie ; son mariage avec Sara ; son retour à Ninive ; conclusion : manifestation de l’ange Raphaël, dernières annés de Tobie.

L’histoire de Tobie nous offre un parfait modèle de la vie domestique et renferme les exemples les plus instructifs et les plus touchants de toutes sortes de vertus.

Son but direct est d’apprendre aux Juifs à honorer Dieu, au milieu même des païens, pour leur faire connaître la vérité, comme le chante Tobie dans son cantique d’actions de grâce, qui peut être considéré comme l’épilogue de son livre, xiii, 3-4.

Mais en même temps que l’auteur poursuit ce but élevé, il en atteint un autre, presque sans y penser, celui d’édifier ses lecteurs, non pas seulement ceux qui vivaient, comme lui et avec lui, captifs au milieu des Assyriens, mais ceux de tous les temps et de tous les lieux, par sa patience, et par des exemples de toutes les vertus. — « [Le livre de Tobie] nous offre un tableau intime des vertus, des souffrances et des joies de l’exil de Tobie. Ce n’est pas le froid récit d’événements fortuitement rapprochés, mais le tableau plein de simplicité et de grandeur des épreuves d’un homme juste et miséricordieux. Tobie est un second Job, dont les malheurs et le salut sont liés à des événements qui font en même temps de son histoire le manuel des [époux]. L’exemple du jeune Tobie montre comment doivent se contracter et se célébrer les unions agréables à Dieu. L’humanité, l’amour paternel, la piété filiale, la douceur et la probité des deux Tobie sont le développement de la pensée fondamentale du livre ; la confiance en Dieu ne peut tourner à la confusion du juste. Ainsi ce livre devient le livre élémentaire des parents qui veulent fonder une famille agréable à Dieu et marcher courageusement au devant des épreuves de la vie. » (Haneberg.) — Mais il n’est pas seulement le guide des pères et des mères, il renferme aussi des exemples et des enseignements pour tous ; l’aumône y est recommandée avec insistance, i, 16-17 ; ii, 1-2 ; iv, 7-12, 17 ; xii, 8-9 ; le grand précepte de la charité y est donné sous forme négative, iv, 16 ; la prière revient constamment pour attirer les bénédictions de Dieu sur toutes les affaires importantes, iv, 20 ; iii, 1-6, 11, 13-23 ; vi, 18 ; viii, 6-10, etc.; la fuite de tout péché est recommandée comme celle du seul mal véritable, iv, 23, etc. — L’intervention d’un ange, envoyé de Dieu, est un des traits principaux du livre de Tobie, qui nous révèle ainsi, d’une manière manifeste, la doctrine des anges gardiens. — Cette histoire est, comme celle de Job, une justification de la Providence.

« L’histoire de Tobie est un des plus beaux monuments de la littérature juive. Les caractères sont très simples, mais dessinés avec une grande habileté. Le pieux et infortuné Tobie, sa femme également pieuse, mais impatiente et un peu acariâtre, sont des personnes réelles. Fort simple, le récit est très heureusement disposé. » (Nœldene.)