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Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/967

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[ch. i.]
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TOBIE.

12. (Quoique tous mangeassent des aliments des Gentils), il veilla sur son âme, et ne se souilla jamais de leurs aliments.[1]

13. Et parce qu’il se souvint de Dieu en tout son cœur, Dieu lui fit trouver grâce en la présence du roi Salmanasar,

14. Et le roi lui donna pouvoir d’aller partout où il voudrait, ayant la liberté de faire tout ce qu’il voudrait.

15. Il se rendait donc vers tous ceux qui étaient en captivité, et leur donnait des avis salutaires.

16. Mais, étant revenu à Ragès, ville des Mèdes, comme il avait de ce dont il avait été honoré par le roi, dix talents d’argent,[2]

17. Et que parmi la foule nombreuse de sa race, il voyait Gabélus, qui était de sa tribu, dans le besoin, il lui donna sous son seing ledit poids d’argent.

18. Or, après beaucoup de temps, le roi Salmanasar étant mort, comme Sennachérib, son fils, régnait à sa place, et que les enfants d’Israël étaient odieux à ses yeux,[3]

19. Tobie chaque jour allait parmi toute sa parenté ; il les consolait, et distribuait de ses biens à chacun, selon qu’il pouvait.

20. Il nourissait ceux qui avaient faim, fournissait des vêtements à ceux qui étaient nus, et, plein de sollicitude, il donnait la sépulture à ceux qui étaient morts ou qui avaient été tués.

21. Enfin, lorsque le roi Sennachérib fut revenu, fuyant loin de la Judée la plaie que Dieu avait fait autour de lui, pour son blasphème, et qu’irrité, il tuait un grand nombre d’entre les enfants d’Israël, Tobie ensevelissait leurs corps.[4]

22. Or, dès qu’on l’eut annoncé au roi, il commanda qu’il fût tué, et il prit tout son bien.

23. Mais Tobie, fuyant avec son fils et avec sa femme, dénué de tout, fut tenu caché, parce que beaucoup le chérissaient.

    texte. D’abord la construction même de la phrase semble s’opposer à ce qu’on rattache l’expression avec toute sa tribu aux mots avec sa femme et son fils. En second lieu, il est certain que la tribu de Nephthali, à laquelle appartenait Tobie, avait été déjà auparavant transportée en Assyrie par Théglathphalasar, qui en était le roi. Voir 4 Rois, 15, 29. ― * Avec toute sa tribu, peut mieux s’entendre avec tout ce qui restait de sa tribu en Palestine, car Téglathphalasar n’avait pas déporté absolument tous les Nephthalites. ― Ninive, capitale de l’Assyrie, sur le Tigre.

  1. Tobie 1,12 : Des aliments des Gentils ; c’est-à-dire des viandes défendues par la Loi aux Juifs (voir Lévitique, chapitre 11).
  2. Tobie 1,16 : De ce dont, etc. ; des appointements attachés à son emploi. ― Ragès, aujourd’hui Reï, s’élevait non loin de l’emplacement actuel de Téhéran. On y voit encore des restes de fortifications antiques. Elle est mentionnée comme une ville très ancienne dans le Zend Avesta et son nom se lit dans les inscriptions cunéiformes de Darius, fils d’Hystaspe. Séleucus Nicator la rebâtit et lui donna le nom d’Europos. Les Mongols la détruisirent presque complètement en 1220.
  3. Tobie 1,18 : * Sennachérib, roi de Ninive, régna de l’an 705 à l’an 681 avant Jésus-Christ. Il n’était pas fils de Salmanasar, mais de Sargon. Ce nom de Salmanasar a été altéré par les copistes, comme le prouve le texte grec, qui porte Enémessaros.
  4. Tobie 1,21 : Voir Ecclésiastique, 48, 24 ; 2 Machabées, 8, 19. ― La plaie, etc. ; la destruction miraculeuse de son armée. Voir 4 Rois, 19, 35-36.