Page:Labé - Élégies et Sonnets, Sansot, 1910.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
69
SONNETS



V


Clere Venus, qui erres par les Cieus,
Entens ma voix qui en pleins chantera,
Tant que ta face au haut du Ciel luira,
Son long travail et souci ennuieus.

Mon œil veillant s’atendrira bien mieus,
Et plus de pleurs te voyant gettera.
Mieus mon lit mol de larmes baignera,
De ses travaus voyant témoins tes yeus.

Donq des humains sont les lassez esprits
De dous repos et de sommeil espris.
I’endure mal tant que le Soleil luit :

Et quand ie suis quasi toute cassee,
Et que me ſuis mise en mon lit lassee,
Crier me faut mon mal toute la nuit.