Auec la mer tiennent enuironnee,
Du large Rhin les roulantes areines,
Le beau païs auquel or’ te promeines,
Ont entendu (tu me l’as fait à croire)
Que gens d’eſprit me donnent quelque gloire.
Goûte le bien que tant d’hommes deſirent :
Demeure au but ou tant d’autres aſpirent :
Et croy qu’ailleurs n’en auras une telle.
Ie ne dy pas qu’elle ne ſoit plus belle :
Mais que iamais femme ne t’aymera,
Ne plus que moy d’honneur te portera.
Maints grans Signeurs à mon amour pretendent,
Et à me plaire & ſeruir prets ſe rendent,
Ioutes & ieus, maintes belles deuiſes
En ma faueur ſont par eus entrepriſes :
Et neanmoins, tant peu ie m’en ſoucie,
Que ſeulement ne les en remercie :
Tu es tout ſeul, tout mon mal & mon bien :
Auec toy tout, & ſans toy ie n’ay rien :
Et n’ayant rien qui plaiſe à ma penſee,
De tout plaiſir me treuue delaiſſee.
Et pour plaiſir, ennui ſaiſir me vient.
Le regretter & plorer me convient.
Et ſur cepoint entre en tel deſconfort.
Que mile fois ie ſouhaite la mort.
Ainſi, Ami, ton abſence lointeine
Depuis deus mois me tient en cette peine,
Ne viuant pas, mais mourant d’un Amour
Lequel m’occit dix mile fois le iour.