Aller au contenu

Page:Labé - Œuvres, t. 1-2, éd. Boy, 1887.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
DE DIVERS POETES.


Eſtreines, à Dame Louïze Labé


 Louïze eſt tant gracieuſe & tant belle,
Louïze à tout eſt tant bien auenante,
Louïze ha l’œil de ſi viue eſtincelle,
Louïze ha face au corps tant conuenante.
De ſi beau port, ſi belle & ſi luiſante,
Louïze ha voix que la Muſique auoue,
Louïze ha main qui tant bien au lut ioue,
Louïze ha tant ce qu’en toutes on priſe,
Que ie ne puis que Louïze ne loue,
Et ſi ne puis aſſez louer Louïze.


À D. L. L.


 Ton lut herſoir encor ſe reſentoit
De ta main douce, & gozier gracieus,
Et ſous mes doits ſans leur ayde chantoit :
Quand un Dzmon, ou ſur moy enuieus.
Ou de mon bien ſe feignant ſoucieus,
Me dit : c’eſt trop ſus un lut pris plaiſir.
N’aperçois tu un furieus deſir
Cherchant autour de toy une cordelle,
Pour de ton cœur la Dame au lut ſaiſir ?
Et, ce diſant, rompit ma chanterelle.