Eſtant nauré d’un dard ſecrettement,
Par Cupidon, & bleſsé ù outrance,
Ie n’oſois pas declairer mon tourment
Saiſi de peur, delaiſsé d’eſperance.
Mais celui ſeul, qui m’auoit fait l’ofenſe,
M’a aſſeurè, diſant, que ſans ofenſe
Ie pouuois bien mon ardeur deceler,
Ce que i’ay fait ſans plus le receler,
Eſtant nauré.
À une donq pourement aſſuré,
Creingnant bien fort d’elle eſtre refusé,
Ay déclairé du tout ma doleance :
Et ſur mon mal hardiment excusé
Lui ſupliant me donner allegeance,
Ou autrement ie perdrois pacience
Eſtant nauré.
Au mien propos ha ſi bien reſpondu
Celle que i’ay plus chere que mon ame,
Et mon vouloir ſagement entendu,
Que ie confſns qu’il me ſoit donne blame
Si ie l’oublie : car elle m’a rendu
Le ſens, l’eſprit, l’honneur, le cœur & l’ame
Eſtîant nauré.