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RECHERCHES SUR LA VIE


de ce temps, c’est — nous pouvons le dire sans crainte — l’absence de ce qui rend populaires la Reine de Navarre, Brantôme et les anciens conteurs.

À cet égard, Louise Labé est une exception remarquable ; sauf une ligne, où le lecteur peut soupçonner une allusion à laquelle l’écrivain n’a peut-être jamais songé, il n’y a rien de licencieux dans ses écrits. En prose, elle a laissé tomber de sa plume deux ou trois phrases qui côtoient le trivial ; en vers, on remarque le XVIIIe sonnet, sur lequel nous reviendrons, mais il faut reconnaître, surtout si l’on compare ses écrits à ceux de ses contemporains, qu’elle a toujours le langage le plus réservé, même dans l’expression de quelques pensées assez libres. Quant au Débat de Folie et d’Amour, tout ce qu’il y a de bon lui appartient en propre, et ce qu’il peut y avoir de défectueux dans la forme revient, pour la plus grande partie, à la mode de son époque.

En ce temps-là, Clément Marot et Scévole de Sainte-Marthe à Paris, Pontus de Tyard à Mâcon, Étienne Dolet à Lyon, portaient aux nues Maurice Scève et admiraient


..... la muse hautaine
De ce Sceve audacieus
Dont la tonnante parole,
Qui dans les astres carole,
Semble un contre-foudre ès cieux.

Ainsi s’exprime l’auteur anonyme des Louanges de Dame Louise Labé. Maurice Scève, cet abstracteur de