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RECHERCHES SUR LA VIE


Cahors. M. Blanchemain s’est emparé avidement de cette idée, il l’a développée, il lui a donné un corps, et, dans la notice de l’édition de 1875, il dit très nettement que les sonnets de Louise Labé « appartiennent peut-être autant à l’amant qu’à l’amante. » Il est assez singulier, soit dit en passant, de faire une nouvelle édition des vers d’un poète et d’écrire au début que ces vers ne lui appartiennent pas ou ne lui appartiennent qu’en partie.

J’aurais vivement désiré de ne pas placer au commencement de ce livre une discussion avec le précédent biographe, mais sa thèse — qui a fait fortune — étant admise dans le monde des lettres et n’allant à rien moins qu’à priver Louise Labé de ses écrits, il me paraît difficile de ne pas l’examiner.

À l’opposé de ce juge d’instruction qui avant tout cherchait la femme, M. Blanchemain cherche avant tout l’homme des amours poétiques de Louise Labé, et quand il croit l’avoir trouvé il s’écrie avec son amante :

Tu es tout seul tout mon mal et mon bien :
Avec toy tout, et sans toy je n’ay rien,


et voici l’histoire qu’il nous raconte ; elle est aussi originale que fort bien dite.

Jusqu’en 1550, il avait suffi à Louise Labé d’être belle et de composer des chansons qu’elle modulait d’une voix harmonieuse en s’accompagnant de son luth avec un véritable talent. On l’avait bien envoyée