Ie n’ay afaire du iugement des autres : mais quant à moy, ie ne ſuis ſi aiſee à tromper. Me penſes tu de ſi peu d’entendement, que ie ne connoiſſe à ton port, & à tes contenances, quel ſens tu peus auoir ? & me feras tu paſſer devant les yeus, qu’un eſprit leger comme le tien, & ton corps ieune & flouet, ſoit dine de telle ſigneurie, puiſſance, & autorité, que tu t’atribues ? & ſi quelques auentures eſtranges, qui te ſont auenues, te déçoiuent, n’eſtime pas que ie tombe en ſemblable erreur, ſachant tresbien que ce n’eſt par ta force & vertu, que tant de miracles ſoient auenuz au monde : mais par mon induſtrie, par mon moyen & diligence : combien que tu ne me connoiſſes. Mais ſi tu veus un peu tenir moyen en ton courrous, ie te feray connoitre en peu d’heure ton arc, & tes fleſches, ou tant tu te glorifies, eſtre plus molz que paſte, ſi ie n’ay bandé l’arc, & trempé le fer de tes fleſches.
Je croy que tu veus me faire perdre pacience. Ie ne ſache iamais que perſonne ait manié mon arc, que moy : & tu me veus faire à croire, que ſans toy ie n’en pourrois faire aucun effort. Mais puis qu’ainſi eſt que tu l’eſtimes ſi peu, tu en feras tout à cette heure la preuue.
Mais qu’es tu deuenue ? comment m’es tu eſchapee ?