qu’on se donne la peine de réunir ici les pièces de cet intéressant petit procès, et de rapprociier les méchantes crudités de Rubys des enthousiastes affirmations de Paradin.
Paradin était une de ces belles âmes qui foudroient le mal quand elles y croient, mais qui ont besoin de le voir pour y croire. Son Histoire de Lyon, malgré quelques naïvetés, n’en est pas moins l’œuvre d’un honnête homme et d’un écrivain consciencieux. Aussi lorsque cet auteur interrompt le cours de son récit pour faire l’éloge de Louise Labé et de Pernette du Guillet, deux femmes dont il pouvait se dispenser de citer les noms ; lorsque cet homme, déjà d’un certain âge, lorsque ce prêtre insiste particulièrement sur l’honnêteté de la vie de Louise, question qu’il n’était pas obligé d’aborder ; lorsque cet historien, écrivant dans un moment où les parties faisaient flèche de tout bois, ne craint pas de publier un éloge des mœurs d’une femme si critiquée par Calvin et par d’autres, son témoignage a évidemment une importance doublée par celle des circonstances dans lesquelles il se produit.
Bien différent du modeste doyen de Beaujeu — à qui il avait suffi pour être heureux d’une aiguière en argent votée par le Consulat, en récompense, dit-il, « de la peine que j’avais prise d’écrire l’histoire de la noble et antique cité de Lyon, » — bien différent du modeste doyen de Beaujeu était messire Claude de Rubys, sieur de l’Antiquaille. Procureur général de la commune, conseiller à la sénéchaussée de Lyon et au Parlement