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Page:Labé - Œuvres, t. 1-2, éd. Boy, 1887.djvu/34

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DÉBAT


venvs.

Es tu bleſsé, mon fils ? Qui t’a ainſi bandé les yeus ?

amovr.

Folie m’a tiré les yeus : & de peur qu’ils ne me fuſſent renduz, elle m’a mis ce bandeau qui iamais ne me peut eſtre oté.

venvs.

Ô quelle infortune ! he moy miſerable ! Donq tu ne me verras plus, cher enfant ? Au moins ſi te pouuois arroser la plaie de mes larmes.

Venus tache à deſnouer la bande.
amovr.

Tu pers ton tems : les neuz ſont indiſſolubles.

venvs.

Ô maudite ennemie de toute ſapience, à femme abandonnee, ô à tort nommee Deeſſe, & à plus grand tort immortelle. Qui vid onq telle injure ? Si Iupiter, et les Dieus me croient. À tout le moins que jamais cette meſchante n’ait pouuoir ſur toy, mon fils.

amovr.

À tard ſe feront ces defenſes, il les failloit faire auant que fuſſe aueugle : maintenant ne me ſerviront gueres.

venvs.

Et donques Folie, la plus miſerable choſe du monde,