en ait crainte ou ſoupſon : que les nuits ne chaſſent, ſous pretexte des mauuaiſes langues, l’ami de la maiſon de s’amie : que lon puiſſe mener la femme de ſon ami, voiſin, parent, ou bon ſemblera, en telle ſeureté que l’honneur de l’un ou de l’autre n’en ſoit en rien ofenſé. Et à ce que perſonne n’ait plus mal en teſte, quand il verra telles priuautez, fais publier par toute la Terre, non à ſon de trompe ou par attaches miſes aus portes des temples, mais en mettant au cœur de tous ceus qui regarderont les Amans, qu’il n’eſt poſſible qu’ils vouſiſſent faire ou penſer quelque Folie. Ainſi auras tu mis tel ordre au fait auenu, que les hommes auront occaſion de te louer & magnifier plus que iamais, & feras beaucoup pour toy & pour nous. Car tu nous auras deliures d’une infinité de pleintes, qui autrement nous ſeront faites par les hommes, des eſclandres que Folie amoureuſe fera au monde. Ou bien ſi tu aymes mieus remettre les choſes en l’eſtat qu’elles eſtoient, contreins les Parques & Deſtinees (ſi tu y as quelque pouuoir) de retourner leurs fuſeaus, & faire en ſorte qu’à ton commandement, & à ma priere, & pour l’amour de Venus, que tu as juſques ici tant cherie & aymee, & pour les plaiſirs & contentemens que tous tant que nous ſommes, auons reçuz & receuons d’Amour, elles ordonnent, que les yeus ſeront rendus à Cupidon, & la bande otee : à ce que le puiſſions voir encore un coup en ſon bel & naïf eſtre, piteus de tous les cotez dont on le ſauroit regarder, & riant d’un ſeulement. Ô Parques, ne ſoyez à ce coup inexorables que lon ne die que vos fuſeaus