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Roman illustré du « Soleil »
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ainsi ? Ne savez-vous pas que c’est mal d’agir de la sorte ?…

— Mais, s’écria l’un d’eux !… vous ignorez sans doute madame, que c’est une mendiante, une voleuse. Vraiment, personne ne peut avoir pitié d’une aussi monstrueuse laideur : approchez-vous de plus près, et lorsque vous aurez jugé par vous-même, vous vous apercevrez que nous paraissons plus blâmables que nous le sommes en réalité.

— Oh ! Dieu, quelle horreur, se dit la baronne, jamais je n’aurais cru qu’il pouvait y avoir, dans d’aussi jeunes cœurs, autant de méchanceté. Sans plus écouter ces discours qui n’avaient rien de noble, elle prit dans ses bras l’enfant inanimé, franchit la porte du jardin qu’elle referma, puis disparut dans les ailées ombragées du château.

L’acte charitable de la grande dame éveilla le remords dans l’âme des jeunes et misérables agresseurs qui reprirent en toute hâte la route qui les conduisait à leur village.

Rentrée au château, la baronne déposa l’enfant sur un lit, et là, avec une tendresse toute maternelle, elle pansa les blessures de la pauvre petite qui ne tarda pas à reprendre ses sens. Voyant cette belle dame qui la regardait avec pitié et tendresse elle se crut le jouet d’un rêve, mais fut vite rappelée à la réalité par la douleur que lut faisaient ressentir les nombreuses blessures qu’on lui avait si méchamment infligées quand elle voulut fuir sur la route.

Voyant le regard Interrogateur de la fillette se poser de nouveau sur elle, la baronne comprit dès l’instant ce qui se passait dans son esprit, s’en approchant, très doucement, elle lui dit :

— Ne crains rien, ma petite, tout danger a disparu pour toi ; tu es ici au château de la Roche-Brune,