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Roman illustré du « Soleil »
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CHAPITRE X

L’APPEL DE LA PATRIE. L’HÉROÏQUE DÉCISION.


Le lendemain, lorsque Rita s’éveilla, la nature aussi semblait attristée. Le vent qui soufflait à travers feuillages et la pluie qui tombait par torrents, n’étaient pas, on le comprend facilement, un tableau qui pouvait atténuer le désespoir de la pauvre martyre. La nuit qu’elle venait de passer n’avait pas été pour elle une nuit de repos, son sommeil ne fut qu’un cauchemar affreux, qui avait plutôt contribué à augmenter son extrême épuisement. Plus faible que jamais, elle commençait à prévoir la funeste conséquence de toutes les fatalités qui s’accumulaient sur son chemin. Ce fut avec beaucoup de difficultés qu’elle parvint à se lever, mais le vertige et la douleur qu’elle ressentit lui tirent croire un instant qu’elle allait mourir. Force lui fut donc de se jeter de nouveau sur son lit. La baronne qui vint lui rendre visite fut toute surprise de la trouver dans cette attitude et si pâle. Ne voulant pas l’alarmer inutilement, elle ne laissa rien paraître de son émoi et lui dit :

— Pardonne-moi, Rita, si je me suis permis de troubler d’aussi bonne heure ton repos. Forcée de m’absenter probablement jusqu’à demain, je n’ai pas voulu partir sans te prévenir ; surtout sans te féliciter, car. sais-tu, ma chère enfant, que ton triomphe d’hier soir est considéré comme insurpassable.

— Merci, madame, murmura la pauvre Rita défaillante. je suis bien heureuse que mon dernier concert ait produit cette favorable impression.

— Que signifient ces paroles ? reprit la baronne, crois-tu vraiment que la science ne pourra vaincre le mal dont tu es atteinte ? C’est précisément pour obtenir d’elle ce secours nécessaire que je m’absente. Te sachant incapable d’accomplir ce voyage sans trop de fatigues, j’ai décidé d’aller supplier moi-même ce mé-