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Roman illustré du « Soleil »
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Seuls ceux qui étaient sans foyer, sans famille, semblaient insensibles, de s’avancer avec indifférence vers la mort, offrant ainsi leur sang pour le seul bien qui leur restait ici-bas, leur mère Patrie.

Que de drames épouvantables allaient se dérouler dans cette lutte sans merci ! Que de sang allait être versé, que de foyers où régnaient la paix et le bonheur allaient être détruits pour toujours ! Ces réflexions se précisaient dans l’esprit éclairé de Jean Desgrives. Fixant le plan qui devait apporter la mort à cette multitude de soldats, cet homme rempli d’énergie et de force, ne put retenir ses larmes et murmura :

— Ô France, si je pouvais te sauver en te donnant mon sang goutte à goutte, comme je le ferais volontiers pour épargner tous ces soldats qui se jetteront avec moi dans la lutte. Mais trop tard ! L’orgueil a allumé une haine terrible qui s’éteindra qu’avec le sang du peuple.

Voilà dans quelle disposition d’esprit Jean Desgrises se trouvait, lorsqu’on vint lui remettre le billet que Rita venait de lui expédier. À peine eut-il lu quelques lignes, qu’il se leva. Remettant les clés au garde, il sortit précipitamment.

Après avoir vu disparaître Jean Desgrives, et s’être assuré que personne ne pouvait l’apercevoir, le misérable pénétra dans l’office où se trouvaient les plans et se livra, avec une minutieuse attention à l’examen de la pièce. Son attention fut bientôt attirée par un tableau qu’on avait dû déplacer récemment. S’en approchant, il ne tarda pas à se rendre compte que ce tableau servait à dissimuler une porte secrète. Piqué de curiosité, il frôla de sa main le mur, cherchant à découvrir le mécanisme qui permettait l’ouverture de cette porte. Après avoir fouillé quelques instants, il s’aperçut, à sa grande satisfaction qu’il suffisait d’ap-