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« Le Chant de la Paix »

bon cœur, car Rita n’était pas de celles que de tels hommages auraient pu affoler. D’ailleurs elle se plaisait dans la solitude ; que lui importaient ces appréciations ? Son esprit éclairé ne savait-il pas, que souvent le monde trompeur parait s’extasier devant des talents, n’éprouvant, pourtant au fond de son cœur que de l’indifférence. Elle avait vu au contact de la douleur la vie sous son vrai jour, et possédait, par un don naturel, le vrai tempérament d’une artiste. Sans plus s’occuper ce petit Incident romanesque, Rita continua, silencieuse, sa promenade quotidienne, puis se sentant un peu lasse, elle quitta les allées ombrageuses du jardin pour entrer au château. Au même instant la baronne venait à sa rencontre, tenant dans sa main une lettre.

— « Rita, lui dit-elle, il me faut partir, une vieille tante malade me réclame, étant libre de mon temps. Il me semble qu’il serait cruel de ma part de ne pas me rendre à son appel ».

— Évidemment, reprit Rita, je ne puis qu’approuver votre sage décision, malgré toute la peine qu’elle me cause. Vous n'ignorez pas évidemment quel vide immense causera au château votre départ.

— J’al bien songé à tout cela, si je me suis décidée de partir ce soir, c’est que je compte sur ton dévouement. Je n’ignore pas non plus, ma chérie, combien est grande l’affection que te portent mon père et ma mère ; il te sera possible, j’en suis sûre, de combler le vide que causera mon absence, en veillant sur eux comme d’habitude, leur procurant l’affection, les soins que requiert leur âge avancé.

— Je suis très honorée, madame, de la confiance que vous voulez bien me témoigner ; je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir, pour accomplir fidèlement, ce devoir. Je ne négligerai rien pour leur prouver ma reconnaissance, je vous dois tant de bonheur…