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Roman illustré du « Soleil »
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— Ma chère enfant, tu n’ignores pas sans doute qu’une trahison est l’acte le plus épouvantable que l’on puisse commettre ; Il atteint tout un peuple. Souvent celui qui s’en rend coupable, après avoir été jugé et condamné, meurt de la plus effroyable manière. Traîné par la foule exaspérée, il lave de son sang le sol de la patrie qu’il a trahie, ou tombe sous les balles destinées à l’ennemi… Voilà le châtiment terrible, mais juste, réservé aux traîtres, aux espions… Crois-tu, ma chère Rita, qu’il me serait possible de vivre après avoir vu l’homme que j’aime, mourir aussi lamentablement pour un crime dont il est Innocent… Non, je ne pourrai y survivre, la France en le condamnant, me condamnera moi-même…

— Rassurez-vous, cette mort si redoutable ne menace plus l’homme que vous aimez… je connais la coupable, c’est elle qui paiera de sa vie la rançon de ce crime infâme… Avant de vous quitter pour accomplir ma pénible mission, je vous supplie malgré tout de garder au fond de votre cœur un peu de pitié pour la misérable qui, en se perdant, sauvera peut-être la France…

Avant que la baronne se fut remise de sa surprise, fuyant comme une ombre, Rita avait regagné la route pour disparaître dans la foule silencieuse.


CHAPITRE XIV

LE SACRIFICE DE RITA SAUVE JEAN
ET LA FRANCE.


Avant de se livrer aux soldats chargés de son arrestation, Jean Desgrives avait voulu éclairer ses soldats. C’est pourquoi écartant ceux-ci d’un geste autoritaire, il domina de sa voix puissante le bruit de la foule, pour obtenir presque aussitôt un silence des plus complets.

— Peuple de France, mon peuple, disait-il, mon