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« Le Chant de la Paix »

pour la puissance de ce Dieu qui se manifestait encore à ses yeux. Revivant de nouveau par le souvenir tout son passé, elle revoyait les jours sombres où seule dans la vie, il lui avait fallu affronter les misères de la pauvreté.

Pourtant, là encore, Dieu avait eu pitié d’elle en plaçant sur son chemin cette femme au cœur d’or : la baronne de Castel. Il lui avait été possible de vivre presque parfaitement heureuse sous son toit hospitalier. Pourquoi l’amour, cette grande maîtresse du monde, était-elle venue l’arracher à la douce quiétude dans laquelle elle vivait à ce moment, si ce n’est que pour la broyer sous son étreinte impitoyable. Que de larmes, il lui avait fait verser ! Rien n’avait pu soulager son cœur meurtri. Les triomphes que lui avait apportés sa magnifique voix avaient été impuissants à cicatriser sa profonde blessure. Enfin une petite table, sur laquelle se trouvait une lettre ainsi que tout le nécessaire pour écrire servit de dérivatif à ces tristes pensées. Evidemment, se dit-elle, en l’examinant, le prisonnier ou la prisonnière qui m’a précédée dans ce sombre cachot a voulu avant de payer sa dette chercher à prouver son Innocence, ou transmettre au moyen de ce court billet, un dernier adieu à une personne qui lui était chère. En effet, elle ne s’était pas trompée, à la faveur de la lune, elle put lire ces simples mots : « À ma mère ». C’était tout ce qui s’y trouvait. Il n’y avait plus de doute, cette lettre inachevée révélait encore quelque sombre drame occasionné par cette effroyable guerre, puisque cette prison n’était réservée qu’aux traîtres et aux espions. Rita se sentit envahie d’une immense pitié pour cette victime inconnue.

Les événements qui avaient modifié sa vie avaient aussi augmenté en son cœur des sentiments plus humanitaires. Maintenant pour elle il n’y avait plus d’en-