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Roman illustré du « Soleil »
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Ce n’est qu’en me permettant, de vous raconter mon histoire que vous pourriez vous souvenir de mol, et m’excuser d’avoir sollicité avec tant d’instance l’entrevue que vous avez bien voulu m’accorder. Je crois pouvoir vous certifier que mon récit vous intéressera tout particulièrement, puisqu’il vous permettra d’éclaircir un mystère qui jadis vous jeta dans la consternation, et faillit de plus compromettre irrémédiablement le sort de la France.

— Mais, s’écria Jean Desgrives, au comble de la surprise, que signifient vos paroles ? Seriez-vous pas hasard le criminel qui osa voler les plans de cette bataille pour laquelle fut condamnée une innocente ?… S’il en était ainsi, je ne sais où s’arrêterait ma fureur, continua-t-il, d’une voix menaçante ? Ce crime est si odieux qu’il me faudrait être un lâche pour vous le pardonner, pour vous éviter le châtiment que vous méritez…

— Je vous comprends, fit l’ancien soldat en fixant Jean Desgrives et je suis fier que la France, ma patrie, ait, pour défenseur un homme tel que vous. Je ne suis pas celui qui a commis cette infamie, mais connaissant les coupables, c’est précisément pour les dénoncer que je suis ici en ce moment.

— Alors, fit Jean Desgrives un peu plus calme, je serais tout de même anxieux de savoir pour quel motif vous avez laissé s’écouler vingt années avant de les dénoncer… Quel intérêt aviez-vous donc à cacher des criminels de cette espèce ?…

Le reproche était cinglant. Pourtant le soldat dans un effort surhumain parvint à rester calme, puis posément reprit :

— Je puis fort bien, dès l’instant même, calmer votre anxiété ; pour cela, il vous faudra, je le répète, écouter mon histoire, c’est là le seul moyen qui me permettrait de me justifier à vos yeux, et vous dé-