Page:Labarthe - Le Théâtre pendant les jours du Siège et de la Commune, 1910.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
90
LE THÉATRE PENDANT LE SIÈGE ET LA COMMUNE

vers l’ambulance de la Comédie-Française et arriva au théâtre au moment même où avait lieu une représentation de Tartufe et du Médecin malgré lui.

« Seveste est descendu du fourgon[1] ; il pousse des cris terribles quand on remue sa jambe cassée, dit-il, en quatre endroits. La vue du théâtre lui donne courage, il se croit sauvé. Un lieutenant et d’autres blessés sont également descendus. Au milieu de tout cela, la représentation continue et l’on entend les gémissements venant de la civière dans l’escalier. »

Ces lignes d’un témoin sont saisissantes d’émotion vécue. Peut-on imaginer contraste plus tragique : sur la scène, les bouffonneries de Sganarelle ; dans la salle, les rires s’arrêtant pour faire place à la pitié et à l’angoisse ; aux entr’actes, les artistes accourant prendre des nouvelles de leur camarade blessé et obligés de reprendre leurs rôles, malgré l’émotion qui les étreint.

  1. Ed. Thierry, La Comédie-Française pendant les deux sièges.