Page:Labenski - Empédocle, vision poétique, suivie d'autre poésies par Jean Polonius, 1829.djvu/181

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C'est en vain que le siècle, au siècle qui commence,
Lègue, avant de mourir, l'héritage des temps ;
L'homme verra toujours dans un espace immense
Ce mieux, but ignoré de ses désirs brûlants.
Plus il a, plus il veut ; son âme ambitieuse
Voit grandir devant lui cet espace éternel,
Comme autrefois Jacob, l'échelle lumineuse
Dont les derniers degrés se perdaient dans le ciel ;
Et s'il est quelque globe, invisible patrie
D'êtres vivants, formés d'un limon plus qu'humain,
Malheur à leurs vertus ! malheur à leur génie ! —
Les yeux vers ton image, O divine harmonie !
Ils souffrent plus que nous de t'invoquer en vain.

Hélas ! je t'invoquai dès ma plus tendre enfance !
Tu brillais devant moi, dans un lointain obscur,
Comme un de ces grands monts, dont la cime s'élance
Sur un vague horizon de vapeur et d'azur.

Le voyageur les voit, quand se dissipe l'ombre ;
Il les voit, quand la nuit recommence son cours ;
Il s'en croit toujours près ; mais des vallons sans nombre
L'éloignent de ce but qui recule toujours.