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FIN DE ROMAN

À Paul de Martigny


La liaison entre Mme Louye et Paul Amiens remontait à une vingtaine d’années, vingt belles années de joie, d’amour fidèle et de parfait bonheur. Maintenant, ils étaient arrivés à l’âge mûr, approchant tous deux de la cinquantaine et ils envisageaient l’automne de la vie avec confiance et sérénité. Le chemin parcouru avait été enchanteur et le reste promettait d’être d’une reposante douceur.

Mme Louye était devenue veuve à peine cinq ans après son mariage. Elle avait à ce moment un fils de quatre ans, doux et sage, qu’elle adorait.

Paul Amiens était un jeune avocat de talent qui gagnait largement sa vie. Doué d’une figure agréable, avec une expression distinguée, il était fort sympathique. Malgré cela, il avait eu une infortune conjugale. Sa femme faisait un usage immodéré d’alcool et, tout en la plaignant d’être victime de cette passion, il lui faisait souvent des reproches. Alors, un jour, elle éta让 partie et, par la suite, était allée habiter avec un ami affligé du même vice. Sans bruit, sans éclat, elle était disparue de son existence. À vingt-sept ans un peu plus de deux ans après son mariage, Paul Amiens se trouvait donc seul dans la vie et il se sentait un peu désorienté. Un été, alors qu’il passait une couple de semaines