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fin de roman

— Bien, je la lirai, moi.

— Pourquoi ne vous abonnez-vous pas vous-même ?

— Oh ! moi, je suis bien trop pauvre.

— Pis, le notaire, est-ce qu’il a dit que je devrais vous abonner à la revue ?

Cela met fin à la discussion.

Offres de mariage

Bien certain que si elle n’avait pas eu la tante sur les bras, la nièce Zélie aurait pu se marier facilement. Mais la tante est un épouvantail. Voir tous les jours dans la maison cette vieille fille hargneuse, grognon, provocante, rapace, plaignarde, ce n’est pas une perspective bien encourageante pour un homme.

Un jour, un fermier à l’aise, sobre et travailleur, a déclaré à la mère Sophie Tremblay, voisine de la nièce :

— S’il n’y avait pas la tante, je la marierais bien, moi, Zélie. Active, économe, aimable, bonne cuisinière, elle ferait une femme de première classe, mais la tante Françoise, je ne peux pas la sentir. Elle me fait penser à un chien galeux. Si jamais elle part, celle-là, je ne serai pas lent à faire la demande à Zélie.

Toutefois, la tante ne se décide pas à partir.

Quelques années plus tard, un veuf sans enfants, d’une paroisse voisine, qui possède une belle terre est venu à plusieurs reprises rendre visite à Zélie. Il lui a dit que s’il était possible de placer la tante à l’hospice ou ailleurs, il ne demanderait pas mieux que de l’épouser. Même, il serait disposé à vendre sa ferme là-bas et à venir s’établir par ici. Inutile cependant de parler de la chose à la tante. Déjà,