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fin de roman

nir demain soir prendre un modeste souper avec moi au restaurant. J’ai dit un modeste souper, car je ne suis pas un millionnaire.

— Mais oui, avec plaisir. Tenez, je connais un petit café hongrois où je vais de temps à autre me régaler pour cinquante sous. Tenez, voici l’adresse, dis-je, après avoir crayonné un nom et un numéro sur un feuillet de mon calepin. À sept heures, demain soir.

— À sept heures, demain soir.

Le jeune médecin avait fait sur moi une forte impression et je le trouvais fort sympathique. En le quittant, j’avais hâte de le revoir.

Nous nous retrouvâmes le soir au petit restaurant hongrois. Nous causâmes longuement. Il me raconta qu’il venait d’être reçu médecin et qu’il avait ouvert un bureau de consultations. Franchement, il m’avoua que les débuts étaient difficiles. Pour commencer, il avait dû travailler pour payer ses études à l’université. Il avait trouvé un emploi de nuit au bureau de poste et le jour il suivait ses cours et étudiait. Souvent, il était terriblement fatigué mais il n’avait pas le temps de se reposer. Même maintenant qu’il possédait son diplôme, il continuait de travailler la nuit en attendant de se former une clientèle. C’était dur mais il avait la volonté de réussir.

À la vérité, ce garçon me plaisait fort et j’aurais été heureuse de le voir s’attacher à moi. Cependant, il me répétait que la vie était difficile, que les clients étaient lents à se présenter pour recevoir ses consultations. Heureusement, ajoutait-il, qu’il avait son emploi au bureau de poste. Cela lui permettait de vivre et de payer son loyer.

Un samedi soir, il m’invita si je n’avais pas d’autre distraction à aller faire un tour à son bureau le lendemain