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fin de roman

avait sur lui un montant d’au moins trois mille piastres en arrivant. À trois heures, il avait abandonné le jeu disant qu’il était fatigué et qu’il avait des affaires très importantes à régler pendant la matinée. Il était sorti du club avec au moins douze mille piastres dans ses goussets. Aussitôt dehors, un bandit posté près de la porte lui avait crié : « L’argent ! » en même temps qu’il braquait le canon d’un revolver dans sa direction. Énergique et décidé, Mercer avait voulu foncer vers l’apache. Trois coups de feu avaient retenti et le gambler avait croulé au sol. Se penchant sur le cadavre de l’homme qu’il venait de tuer, le bandit avait rapidement fouillé dans ses poches, faisant main basse sur deux liasses de billets de banque puis il avait sauté dans un taxi stationné tout près. Ces faits ont été racontés à la police par un garçon qui passait juste à ce moment devant le club en compagnie d’une jeune fille avec qui il avait passé la soirée dans un cabaret. Celui-ci avait noté le numéro du taxi et avait immédiatement communiqué avec la gendarmerie de Miami Beach l’informant du drame dont il avait été témoin et lui donnant le chiffre de la voiture. Moins d’une demi-heure plus tard, les policiers repéraient le taxi filant à une grande vitesse sur une route qui le conduisait loin de la ville. Ils lui donnèrent la chasse et parvinrent à le rejoindre. Sous la menace des revolvers, le voleur avait dû se rendre. Il avait sur lui plus de six mille piastres, mais les policiers en avaient trouvé autant dissimulé sous le siège de la voiture. Bandit et chauffeur avaient alors été conduits au poste pour être interrogés.

La police a exprimé l’opinion que le vol a été exécuté avec la complicité et la connivence de quelqu’un de l’intérieur du club. Peut-être un employé à la solde du