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CE CHER PÈRE


Lorsque sa femme mourut, les enfants du père Dubon le placèrent à l’hospice. Il avait plus de quatre-vingts ans et aucun de ses six enfants ne voulait le prendre chez lui.

Le gendre Dupras qui avait épousé Louise déclara : Moi, j’ai dix enfants et je n’ai pas de place pour lui. D’ailleurs, les jeunes le fatigueraient trop.

Guillaume, le plus vieux des quatre fils, qui demeurait à la campagne fit remarquer que sa maison ne possédait aucune de ces commodités que l’on trouve à la ville et dont un homme de l’âge du père ne pourrait se passer.

— Moi, je regrette de ne pouvoir rien faire pour lui, mais je suis réellement hors de cause, expliqua Richard, curé à Chicago, car même si je pouvais m’en charger, les autorités de l’immigration ne lui permettraient pas de franchir la frontière.

D’une voix lente, d’une voix d’homme embêté, Onésime dit : Moi, je ne peux rien faire. Ma femme est toujours malade, elle est à l’hôpital depuis deux mois et je suis obligé de me préparer mes repas moi-même et de voir à l’entretien du logement.

— Moi, que voulez-vous que je fasse ? demanda René, le plus jeune des fils. Je viens de me marier et j’ha-