PARTIE DE PÊCHE
Lorsque le tramway arrêta au coin de la rue, l’homme
s’élança au dehors, prit sa course vers la gare, traversa en
trombe la salle des pas perdus et arriva à la grille juste comme
le préposé à la barrière la fermait et que le train démarrait
lentement. Jetant un coup d’œil de côté, il constata
que la porte voisine était ouverte. Il obliqua alors, bouscula
quelques voyageurs moins pressés et se trouva sur la plateforme.
Faisant un suprême effort, il se précipita vers le
convoi et, tout pantelant, sauta sur le marche-pieds du
dernier wagon qui commençait à prendre de la vitesse.
Essoufflé, hors d’haleine, mais satisfait d’avoir atteint son
but, il resta là sans bouger, pompant l’air dans ses poumons.
Au bout d’un moment, il pénétra dans la voiture, jeta un
coup d’œil sur les gens assis sur les banquettes, cherchant
une figure connue. Soudain, il aperçut son copain et alla
s’asseoir à côté de lui.
— Je désespérais de vous voir aujourd’hui et je me demandais ce qui vous avait retenu, fit M. Péladeau.
— Ne m’en parlez pas. Deux secondes de plus et je manquais mon train, répondit M. Petipas.
— Vous êtes-vous éveillé en retard ?