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FIN DE SEPTEMBRE

Assis devant les feuilles sèches qui brûlent en répandant une agréable senteur, je me dis qu’il fait bon de vivre.

Reposé, je me mets à ériger une borne en pierres sèches séparant mon terrain de celui du voisin. La tâche est rude, demande des muscles solides, exige un vigoureux effort. Je descends au bord de la rivière et remonte la côte avec des pierres de trente et quarante livres dans mes bras. Je les transporte à destination et les place ensuite sur le mur. C’est avec une vive satisfaction que j’accomplis ce travail, car je me dis qu’un homme qui peut encore exécuter cette besogne à l’âge de soixante-dix-huit ans est certes en bonne santé.

De nouveau, je me dis qu’il fait bon d’être vivant.

Ma compagne m’appelle pour le dîner. Sur la table est un gros et odorant bouquet de phlox roses. Avec empressement, je me mets à table et l’appétit aiguisé par ces différents travaux, je mange avec délices un bol de soupe aux légumes, une assiettée d’un incomparable spaghetti, une portion de choux fleurs et je termine mon repas avec un morceau de pâté aux pommes et une tranche de succulent melon.

Oui, il fait bon d’être vivant sur son coin de terre, à côté de la fidèle et dévouée compagne avec qui je vis depuis quarante ans.

La vie est belle.