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RÉFLEXIONS


Quand on sème du blé on récolte du blé et quand on sème la haine on récolte la haine. Ainsi, les Alliés, les féroces hypocrites qui se proclament les apôtres de la paix et qui envoyaient par douzaines et par vingtaines leurs anciens adversaires à l’échafaud après de sinistres parodies de procès, qui ont réduit à l’esclavage des centaines de milliers de soldats prisonniers qu’ils forçaient à accomplir des besognes immondes, qui ont complètement pillé le pays des vaincus, ont jeté dans le cœur de millions d’hommes des ferments de haine qui germeront et provoqueront un jour des carnages et des massacres qui extermineront des peuples entiers et qui marqueront peut-être la fin de l’humanité.

Tu as été riche, tu as été pauvre, tu étais beau, tu étais laid, tu as été heureux tu as été misérable, tu as pratiqué toutes les vertus, tu as cédé tous tes instincts, indifférente à tout, la terre, après ton dernier soupir, t’accueille et t’accorde le repos éternel.

Quelque part une bande de cinq ou six chiens se battent furieusement. L’œil féroce, la gueule ouverte, ils bondissent les uns sur les autres : les dents mordent avec rage, les chairs sont déchirées, le sang coule. À quelque distance, un puissant dogue observe le carnage. Soudain, il s’élance dans la bataille. Ses formidables crocs s’enfoncent dans les corps pantelants, en arrachent des lambeaux, font couler des amas d’entrailles. Il est le plus fort, il est le vainqueur. Sous cette affabulation, il est