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IMAGES DE LA VIE

— Si tu ne portes pas le manteau que je t’ai donné, s’il ne te plaît pas, tu pourrais me le rendre, déclara-t-elle. Je pourrais m’en servir moi-même.

— C’est ça. Je te le rapporterai, fit l’autre sèchement.

Une fois de plus Mme Demers se retrouva en possession du manteau vert.

Comme l’on était maintenant rendu au mois de mai, Mme Demers voulut aller passer la prochaine fin de semaine dans les Laurentides et elle invita Mme Florence Dussault, jeune veuve de ses amies à l’accompagner.

— Ça me tente bien, mais je vais te dire, je n’ai pas de vêtement pour la saison. Tout l’hiver, j’ai porté mon manteau de fourrures et c’est à peu près tout ce que j’ai de convenable. J’en ai un vieux en drap, mais il n’est guère présentable. Tu sais, quand on travaille, quand on gagne sa vie, l’argent s’en va vite et il nous manque souvent quelque chose. Mais ça me tente vraiment d’aller avec vous autres…

— Oui, bien, j’en ai un manteau pour toi. Un beau manteau que je n’ai pas porté une demi douzaine de fois. Tiens, viens donc l’essayer ce soir.

Le vêtement allait à la perfection.

— On dirait qu’il a été fait pour moi, déclara Mme Dussault en se regardant dans la grande glace dans la chambre de son amie.

— Il te plaît ? Alors, je te le donne, fit spontanément Mme Demers prise d’un nouvel accès de générosité.

Et chaleureusement, la jeune veuve embrassa son amie en lui disant merci.

L’on partit donc le samedi midi pour les Laurentides. À l’hôtel, le ménage Demers et Mme Dussault occupaient des chambres voisines séparées par une mince cloison en bois. Or, en se dévêtant le soir pour se coucher, Mme Demers se tournant vers son mari qui passait son pyjama, remarqua :