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Page:Laberge - Images de la vie, 1952.djvu/67

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IMAGES DE LA VIE

— Écoutez, je suis très occupé à cette heure-ci mais je serai libre dans dix minutes et je me rendrai ensuite à votre appartement.

Puis Dumas se remit à la tâche, se hâtant davantage si possible, afin de se rendre plus tôt auprès de son ami, le musicien Lamer qui occupait un studio dans un grand édifice pour professionnels. « Sûrement qu’il a besoin d’argent, se dit-il en lui-même. C’est pour cela qu’il m’appelle ».

Là-dessus, il prit une formule de chèque dans son tiroir, y apposa un timbre et le mit dans la poche de son veston.

Dix minutes plus tard, son travail était fini. Il endossa son paletot, mit son chapeau et sortit.

Il tombait une petite pluie glacée, il ventait et le temps était franchement très désagréable. Pour économiser un billet de tramway, Dumas se mit à marcher. Il pataugeait dans la neige fondante et la pluie froide lui arrosait la figure. Mais il allait rendre service à un ami et il était heureux.

Après plus d’une demi heure de marche, il arriva au terme de sa course et prit l’ascenseur qui le monta au dernier étage de l’édifice où le musicien avait son studio.

L’accueil fut chaleureux et les deux hommes que liait une vieille amitié se mirent à causer.

Il se fit une pause.

— J’ai un grand besoin d’argent, fit le musicien. Alors, j’ai pensé à vous. Ne pourriez-vous m’aider ?

— Certainement, avec plaisir, répondit Dumas. Est-ce que $75 feraient votre affaire ?

— C’est justement la somme que je voulais vous demander de me prêter, répondit le musicien.

Le mot prêter était un euphémisme commode, car il n’était jamais question de rendre et c’était moins gênant pour demander.

Lors donc, Dumas sortit le chèque qu’il avait pris avant de sortir de son bureau, le remplit, le signa et le tendit au musicien.

La figure de ce dernier s’illumina d’un large sourire.

— Merci ! Ah, vous êtes un véritable ami.