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LE DESTIN DES HOMMES

nal. À l’heure actuelle, je ne peux rien vous promettre ni rien vous donner, mais je vous considère comme mon associé et nous nous entendrons sûrement. Je vous demande de faire à mon homme toute la publicité possible. Lorsqu’il y aura des profits, vous en aurez votre part. Faites connaître mon boxeur et moi je vais le développer, le former. Vous savez ce que peut gagner un bon boxeur, un champion. En faisant chacun de notre mieux, il y a probablement une fortune pour chacun de nous trois dans un avenir pas très éloigné.

— Et qu’allez-vous faire pour le présent ? s’enquit Biron.

— Bien, je vais lui faire suivre un entraînement sérieux pour lui assouplir les muscles et le rendre plus agile. Vous savez, c’est un mineur. Il a la force mais il manque de souplesse et de vitesse. Un peu plus tard je lui trouverai un bon entraîneur pour lui inculquer la science de la boxe et, dans la suite, j’arrangerai une série de combats d’exhibition et lui ferai faire une tournée des principales villes de la province. Ce sera là le commencement de sa carrière de boxeur.

— Comptez sur moi, répondit Biron. Vous ne serez pas désappointé.

Le soir de ce jour-là, M. Lafleur présenta le futur champion à sa femme et à ses enfants.

L’on se mit à table. C’était un repas à la saucisse.

Le colosse n’était pas bavard mais il dévorait.

— Elle est bonne votre saucisse, madame, déclara-t-il.

Et Mme Lafleur lui servit une nouvelle portion.

— J’ai un gros t’appétit, affirma Brisebois.

C’était vrai. Six fois Mme Lafleur lui remplit son assiette et il la vida proprement. À chaque fois, l’invité répétait :