Page:Laberge - Le destin des hommes, 1950.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
149
LE DESTIN DES HOMMES

Le journaliste avait mis là toutes les informations susceptibles de susciter l’intérêt du public.

La trouvaille du colosse avait donné une nouvelle orientation à la vie de M. Lafleur qui entrevoyait un glorieux avenir. Il assistait quotidiennement à l’entraînement de son homme, laissant pour le moment à son fils la direction et la charge de la buanderie La Famille. Et Biron continuait de publier dans La Voix du Peuple des articles qui faisaient connaître le futur boxeur. Brisebois devenait ainsi un personnage dont on parlait fort dans le monde du sport et même ailleurs. Son professeur n’était cependant pas très enthousiaste. « Il a, certes, de précieuses qualités », disait-il, « mais il a la tête dure et il faut lui répéter la même chose des douzaines de fois pour qu’il la comprenne et la mette en pratique. Mais avec du temps et de la patience nous réussirons. »

M. Lafleur était d’un caractère tenace, persévérant. Avec un intérêt qui ne diminuait jamais, il suivait l’entraînement de Victor Brisebois, l’encourageait, lui prodiguait les conseils et faisait miroiter devant lui la fortune qu’il ne pouvait manquer de conquérir s’il devenait le boxeur qu’on espérait. Souvent il passait une heure à le voir danser à la corde, frapper le punching bag et pratiquer avec les massues indiennes. Chaque matin, Brisebois faisait une course d’une heure dans la montagne pour se donner de l’haleine.

Au bout de quatre mois de ce régime, Brisebois eut un instructeur de boxe en plus de son professeur de gymnastique. Le journaliste Biron venait souvent assister à ces séances et il publiait dans La Voix du Peuple des détails qui faisaient connaître dans toute la province le nom de Brisebois et les espérances placées en lui par les fervents de sport. Bientôt on opposa au colosse, dans des exhibi-