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Page:Laberge - Peintres et écrivains d'hier et d'aujourd'hui, 1938.djvu/29

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Ses Réflexions sont des pensées qui lui sont venues au cours de ses lectures, de ses promenades, de ses méditations, et qu’il a jetées sur le papier.

Laliberté avait aussi rêvé de faire de la joaillerie, de créer des bijoux qui auraient été de vrais joyaux d’art. Il a produit une centaine de bagues en argent dont le motif d’ornementation est emprunté pour la plupart, à ses œuvres de sculpture. Le résultat n’a pas été tout ce qu’il en attendait, car l’opération mécanique, le travail qu’il est forcé de confier à des professionnels du métier, l’a désappointé. Si le coulage eût été ce qu’il espérait, Laliberté eût créé non seulement des bagues, mais des pendentifs, des bracelets, des boucles de ceinture et de souliers, et même des tiares.

À ses moments de loisirs, Laliberté s’est amusé à se bâtir des meubles sculptés, à orner de compositions décoratives en relief de vieilles armoires, ou de vieilles commodes et il en a fait des pièces extrêmement intéressantes. Sa chambre est d’une rare beauté. Les objets d’art qui s’y trouvent ne don­nent aucunement l’impression qu’il s’agit d’une chambre à coucher. C’est une chambre comme on en voit dans les vieux palais de France et d’Italie, aujourd’hui convertis en musées. Le cabinet de travail, l’atelier dans lequel il peint ses toi­les, où il écrit, où il médite, semble être lui aussi une salle de musée. Les murs sont littéralement couverts de tableaux portant les noms de nos artistes et les meubles sont pour la plupart, des reliques du passé.

En pénétrant dans ces pièces, on respire une atmos­phère de travail, de recueillement, de pensée, de poésie. On sent qu’un cerveau puissant élabore là des œuvres qui célébreront la vie et la beauté. Ému comme dans un temple et regardant l’artiste, me revient à la mémoire cette réflexion de Renan disant que ses ancêtres on fait des économies de pensées et de sensations dont le capital accumulé lui est échu. Je sens que cela est également vrai pour Laliberté.

Le sculpteur possède des centaines de lettres qui lui ont été écrites au cours de sa carrière par des personnages émi­nents et par des artistes. J’en ai vu dans le lot venant de Sir Wilfrid Laurier, écrites à son jeune compatriote alors qu’il étudiait la sculpture à Paris et qui l’a aidé à cette époque dif-