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Page:Laberge - Peintres et écrivains d'hier et d'aujourd'hui, 1938.djvu/35

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me dit-il pendant que des larmes d’émotion coulaient sur sa figure. Le jeune Charles avait un frère et deux sœurs, ces dernières musiciennes comme leur mère. Plus tard, lorsqu’il eut 21 ans, il leur abandonna sa part d’héritage afin qu’elles eussent une dot et pussent se marier. Les vicissitudes de la vie furent cause qu’il fut bientôt séparé des siens. À douze ans, il partait pour aller demeurer chez une sœur de son père à Anvers. La tante n’avait pas le sentiment de la famille très développé et le neveu était moins bien traité que les chiens de la maison. Le jeune garçon passa là quatre années dont il a gardé un triste souvenir. Ce ne fut cependant pas du temps perdu, car il étudia le dessin et la peinture, faisant des progrès très rapides et trouvant sa vocation d’artiste. À seize ans, il quitta sa marâtre de tante et ses chiens et s’en alla à Paris où il entra à l’atelier du peintre Munkacsy. Pendant trois ans, il suivit l’enseignement de ce maître. Déjà, sa personnalité s’affirmait et des critiques clairvoyants reconnurent son talent et firent son éloge. Même, il décrocha plusieurs bourses qui lui permirent de voyager à travers l’Europe. C’est ainsi qu’en 1892, il passa l’été dans le Tyrol où il fut charmé par les mœurs simples et douces des honnêtes villageois. C’est là qu’il peignit ses premières scènes de l’enfance, ces scènes qui nous montrent de jeunes êtres d’une angélique beauté jouant et dansant dans les jardins fleuris de cette campagne.

À vingt ans, Charles de Belle se rendit en Angleterre et se fixa à Londres où, après des jours difficiles, il rencontra Sir John Abbott, propriétaire de l’Irish Times qui s’intéressa à lui et lui fit obtenir des travaux d’illustration. Bientôt, le succès lui sourit et il songea à s’établir encouragé en cela par Sir John Abbott qui désirait lui faire épouser sa fille. Les deux jeunes gens étaient fiancés et le mariage devait avoir lieu sous peu, lorsque de Belle rencontra une autre jeune fille qui, de son côté, était aussi fiancée. Ce fut le coup de foudre. À quelques jours de là, ils rompirent leurs premiers engagements et s’épousèrent. À cette époque, de Belle avait son atelier au Nettleship Studio, rue Fitsroy, avec Augustus John, qui est depuis trente ans l’un des plus grands peintres anglais. Ambrose McEvoy, autre artiste qui a fait sa mar-