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Page:Laberge - Peintres et écrivains d'hier et d'aujourd'hui, 1938.djvu/55

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fraient une note hardie, originale. Ces œuvres attestaient le pinceau du maître.

Beau s’affirma de nouveau en 1906 par quatre toiles : Idylle, Étude en rouge, Paysage et Effet de lampe. Ce dernier tableau qui montrait une figure de femme éclairée, et transfigurée, pour ainsi dire par le lumineux rayonnement d’une lampe était une œuvre d’une rare beauté et d’un grand charme. Une telle peinture était à elle seule un ornement suffisant pour embellir la pièce familière, lui donner un cachet d’intimité et y faire régner la joie.

En 1909, Beau exposa trois paysages et une grande toile, La femme en rose. Ce dernier tableau, séduisant au possible, était l’une des plus belles, l’une des plus exquises choses du Salon.

Au cours de ces dernières années, l’artiste s’était épris d’une artiste dramatique. Tous deux s’aimaient d’un grand amour et ils ne pouvaient envisager la vie l’un sans l’autre. Ils partirent pour Paris où ils ont vécu depuis.

Beau est un portraitiste de première force. Non seulement il sait donner la ressemblance, mais aussi le caractère et, pour ainsi dire, l’âme de son modèle. Il s’ingénie à faire ressortir le détail caractéristique du sujet. Et les femmes, il choisit et leur indique le genre de toilette qui leur convient le mieux, celui qui met le plus en relief leur personnalité et leur genre de beauté. Ainsi, il nous a montré outre la Femme en rose, la Femme en noir et un grand portrait de femme drapée dans une robe jaune. Il fait un portrait original, frappant, agréable et vrai. J’ai souvent admiré chez Paul de Martigny une immense toile représentant la femme de Beau tenant son enfant dans ses bras. C’était quelque chose de simple, de vrai, d’émouvant, une œuvre de maître.

Pendant les huit ou dix ans qu’il a exercé ici son métier, Henri Beau s’est affirmé comme l’un des maîtres de la peinture au Canada. Dans le groupe dont il faisait partie, aucun ne l’égalait.

Un grand tableau historique de Beau, Déportation des Acadiens, a longtemps orné les murs du Palais législatif à Québec. Des intrigues ont toutefois été cause que cette pein-