Page:Laberge - Visages de la vie et de la mort, 1936.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
285
VISAGES DE LA VIE ET DE LA MORT

il se débattait depuis quinze ans, il ferma les yeux et s’élança vers le vide pour rejoindre le rocher, se briser sur lui. Mais le courage lui manqua soudain à cette loque humaine et il s’arrêta juste au moment où il allait plonger dans la mort, dans l’anéantissement.

Voyant son coup manqué, il se mit à s’injurier lui-même avec fureur et à se frapper avec rage, se martelant la figure avec ses poings pour se punir de sa faiblesse. Sentant toute sa lâcheté, son ignominie, son impuissance à rompre ses chaînes, Robert Deval, la tête effroyablement lourde, l’âme en désarroi, les jambes flageolantes et accablé par un immense découragement, redescendit à pas lents la montagne.

Il retourna à la vieille maîtresse aux cheveux blanchissants, à la figure décrépite.

Il retourna à la femme de mensonges, de trahisons et de luxures.

Il retourna à l’auge.