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Page:Laberge - Visages de la vie et de la mort, 1936.djvu/48

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VISAGES DE LA VIE ET DE LA MORT

de tabac tout dévasté et se précipita vers son mari.

— C’est assez ! c’est assez ! cria-t-elle, cédant enfin et se jetant devant lui.

Alors, Marcheterre se calma soudain. Sa colère et la destruction stupide que lui et sa femme venaient d’accomplir l’avaient comme assommé. Il se réveillait tout hébété, comme s’il sortait d’un cauchemar. Il jeta là sa hache, regarda longuement en silence son jardin de tabac saccagé, la mare d’eau sale au fond de laquelle gisait sa tinette de beurre et les débris de vaisselle à côté de la clôture de pierre.

— Torrieu ! jura-t-il enfin, pourquoi c’que tu l’as pas laissé manger des pétaques à sa faim ?

Une heure plus tard, Marcheterre et sa femme montaient en boghei et se rendaient au village pour acheter de la vaisselle pour le souper.