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LES CHEMINS DE FER

quelques instants et a fait le tour de la salle en lorgnant les femmes qui s’y trouvent.)

JULES, [1] à lui-même ; il entre à reculons ; se heurte contre une dame.

Oh ! mille pardons, madame ! (À part.) De plus en plus laid !… C’est drôle… il y a des jours où toutes les femmes qu’on rencontre ont le nez de travers et les yeux en trompette !… Ainsi le vendredi, c’est un mauvais jour… jour maigre !… Le mardi on ne voit que des blondes… Mercredi est consacré aux brunes… Quant au jeudi… moitié l’une, moitié l’autre… c’est un jour panaché !… Rien à faire ici, je vais faire un tour au Nord.

TAPIOU, à Jules.

Monsieur cherche quelque chose ?[2]

JULES.

Oui… je cherche une jolie femme…

TAPIOU.

Alors, Monsieur ne vient pas pour toucher ?

JULES.

Moi ?… C’est-à-dire… (À part.) Il est facétieux, le manchot ! (Il continue à lorgner.)

LUCIEN, à part, à la table.

Allons, bon ! J’ai fait mon bordereau au nom de Ginginet… l’oncle de ma fiancée… Ce diable de nom ne me sort pas de la tête… (Il déchire son bordereau.) Il faut que je recommence…

TAPIOU, à part, près de son guichet.

Cristi !… le bras me démange !… (Il se frotte contre la boiserie.)

JULES, qui est revenu, le regardant faire.

Il ne faut pas les remuer… ça les excite.

  1. Tapiou, Lucien, Jules.
  2. Tapiou, Jules, Lucien.