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Page:Labiche - L’Avocat d’un Grec, 1859.djvu/26

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Scène XIV

BENOÎT, MALVOISIE. [Benoît, Malvoisie.]
BENOÎT, à part.

Plus je le regarde, plus je lui trouve le galbe d’un gredin.

MALVOISIE, bâillant et à part.

Ahâa !… je m’ennuie ici ! (Regardant le plafond.) Joli plafond.

BENOÎT, à part.

Est-ce qu’il aurait des intentions sur mon plafond !

MALVOISIE, remarquant la table de jeu.

Tiens ! des cartes ! (À Benoît.) Faites-vous une partie ?…

BENOÎT.

Une partie !… Hein ? Volontiers ! (À part.) Il va faire sauter la coupe ! ça me va ! je le tiens.

Air de l’Aveugle de Bagnolet :
Laissons la folâtre jeunesse
Se divertir en gambadant ;
La danse fort peu m’intéresse.

MALVOISIE, gaiement.

Permettez-moi d’en dire autant,
L’entrechat me semble embêtant. [Malvoisie, Benoît.]
Au bruit de ce joyeux quadrille,
Qui tous là-bas les émoustille,
Je n’éprouv’ qu’un désir ardent ;
Tandis qu’ici chacun sautille,
Je n’éprouv’ qu’un désir ardent :
C’est de fair’ sauter… votre argent.

BENOÎT.

Eh bien, à la bonne heure ! (À part.) Il y met de la franchise. (Il s’est installé à la table.)

MALVOISIE, de l’autre côté de la table.

Combien jouons-nous ?

BENOÎT.

Dix sous, à l’écarté.

MALVOISIE.

Ah ! non !

BENOÎT, à part.

C’est juste ! il ne ferait pas ses frais ! (Haut.) Allons, cinq francs !

MALVOISIE, à part.

Cinq francs !… pristi ! j’allais lui proposer deux sous. (Haut.) Laissez-moi battre ?

BENOIT.

Comment donc ! (À part, pendant que Malvoisie bat les cartes.) Il