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Page:Labiche - Le Mystère de la rue Rousselet, 1861.djvu/13

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AGATHE.

Comment ! les apparences ! quand je vous donne des preuves écrasantes. Il était sorti lorsque cette lettre est arrivée ; mais je n’ai pas attendu son retour, j’ai quitté le domicile conjugal, et je suis allée me mettre sous votre protection à Fontainebleau.

GUÉRINEAU.

Jusque-là, très-bien !… Mais pourquoi n’y sommes-nous pas restés à Fontainebleau ?

AGATHE.

Oh ! non ! chez vous, Léon n’eût pas manqué de retrouver ma trace…

GUÉRINEAU.

C’est alors que, pour le dépister, tu m’as emmené à Paris, sans me donner le temps de me reconnaître… et me voici, rue Rousselet-Saint-Germain, au quatrième, avec trois chemises, cinq mouchoirs et un pantalon… qui peut se déchirer !… Ce n’est pas vivre cela ! Encore si tu étais venue vingt jours plus tard !

AGATHE.

Pourquoi vingt jours ?

GUÉRINEAU.

J’aurais pu terminer mon traitement…

AGATHE.

Vous êtes malade ?

GUÉRINEAU.

Oui… depuis quelque temps, ça ne va pas… je mange sans goût… J’ai consulté mon médecin, il dit que c’est un manque d’appétence… Sais-tu ce que c’est que l’appétence ?

AGATHE.

Non !

GUÉRINEAU.

Moi non plus… ça m’inquiète… Alors il m’a ordonné la cure du raisin.

AGATHE.

Qu’est-ce que c’est que ça ?

GUÉRINEAU.

C’est bien connu à Fontainebleau… Ce régime consiste à faire avaler à un homme… cent kilos de raisin en vingt jours, c’est-à-dire dix livres par jour… Ah ! tout n’est pas roses dans ce traite-