Page:Labiche - Le Voyage de monsieur Perrichon, Gage, 1905.djvu/24

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Daniel. — Et vous, à partir de Dijon, vous avez tenu un store dont la mécanique était dérangée ; ça a dû vous fatiguer.

Armand. — Oui, mais la maman m’a comblé de pastilles de chocolat.

Daniel. — Gourmand !… vous vous êtes fait nourrir.

Armand. — À Lyon, nous descendons au même hôtel…

Daniel. — Et le papa, en nous retrouvant, s’écrie : Ah ! quel heureux hasard !…

Armand. — À Genève, même rencontre… imprévue…

Daniel. — À Chamouny, même situation ; et le Perrichon de s’écrier toujours : Ah ! quel heureux hasard !

Armand. — Hier soir, vous apprenez que la famille se dispose à venir voir la mer de Glace, et vous venez me chercher dans ma chambre… dès l’aurore… c’est un trait de gentilhomme !

Daniel. — C’est dans notre programme… lutte loyale !… Voulez-vous de l’omelette ?

Armand. — Merci… Mon cher, je dois vous prévenir… loyalemen, que de Chalon à Lyon, mademoiselle Perrichon m’a regardé trois fois.

Daniel. — Et moi, quatre !

Armand. — Diable ! c’est sérieux !

Daniel. — Ça le sera bien davantage quand elle ne nous regardera plus… Je crois qu’en ce moment elle nous préfère tous les deux… ça peut durer longtemps comme ça ; heureusement nous sommes gens de loisir.

Armand. — Ah çà ! expliquez-moi comment vous avez pu vous éloigner de Paris, étant le gérant d’une société de paquebots ?…