Page:Labiche - Le Voyage de monsieur Perrichon, Gage, 1905.djvu/65

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Perrichon, lui indiquant un siège à gauche du guéridon. — Vous avez quelque chose à me communiquer ? (Il s’assied sur le canapé. Daniel remonte.)

Le Commandant, s’asseyant. — Je n’en sais rien encore… Permettez-moi d’abord de vous adresser une question : Est-ce vous qui avez fait, il y a un mois, un voyage à la mer de Glace ?

Perrichon. — Oui, monsieur, c’est moi-même ! je crois avoir le droit de m’en vanter !

Le Commandant. — Alors, c’est vous qui avez écrit sur le registre des voyageurs : Le Commandant est un paltoquet.

Perrichon. — Comment ! vous êtes ?…

Le Commandant. — Oui, monsieur… c’est moi !

Perrichon. — Enchanté ! (Ils se font plusieurs petits saluts.)

Daniel, à part, en descendant. — Diable ! l’horizon s’obscurcit !…

Le Commandant. — Monsieur, je ne suis ni querelleur ni ferrailleur, mais je n’aime pas à laisser traîner sur les livres d’auberge de pareilles appréciations à côté de mon nom…

Perrichon. — Mais vous avez écrit le premier une note… plus que vive !

Le Commandant. — Moi ? je me suis borné à constater que mer de Glace ne prenait pas d’E à la fin : voyez le dictionnaire…

Perrichon. — Eh ! monsieur, vous n’êtes pas chargé de corriger mes… prétendues fautes d’orthographe ! De quoi vous mêlez-vous ? (Ils se lèvent.)

Le Commandant. — Pardon !… Pour moi, la langue française est une compatriote aimée… une dame de bonne