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Page:Labiche - Les Précieux, comédie en un acte, mêlée de chant, 1855.djvu/3

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LES PRÉCIEUX.


Un salon de campagne. — Trois portes au fond, ouvertes sur le jardin, deux portes à droite, une à gauche. — Canapé, table à gauche, fauteuils, chaises, etc. — Un petit meuble à droite, premier plan.


Scène première.

FULBERT, seul.
Fulbert, seul assis à gauche, un livre à la main, il est en livrée de groom.

Se sentir une âme de poète et porter la livrée ! oh ! la société ! la société ! (On sonne, il se lève.) voilà ! voilà ! C’est M. Carolus de Valtravers qui demande son lait… voilà un homme harmonieux !… un compositeur magistral et truculent !… faut l’entendre quand il cause avec ses deux amis… trois beaux esprits… qui se sont installés dans la maison… ils vous ont des mots… des phrases !… les bourgeois n’y comprennent rien… ils sont si bêtes, les bourgeois !… Madame Gaudin et sa nièce cherchent à parler comme eux… mais ce n’est pas ça… c’est poncif ! — Ah ! voilà Madame !


Scène II

FULBERT, MADAME GAUDIN et DELPHINE [Delphine, Madame Gaudin, Fulbert.]. Madame Gaudin entre, donnant le bras à Delphine, elle porte des lunettes à branches très-minces et tient un livre à la main.
Madame Gaudin, lisant.

« Pour assister au bal des Ténèbres, la Nuit silencieuse avait arboré sa broche d’opale !… qu’est-ce que ça peut être ?

Fulbert.

Ah ! que c’est beau ! (Il sort à gauche.)

Madame Gaudin, ôtant ses lunettes et réflechissant.

Sa broche d’opale !… qu’est-ce que ça peut être ?

Delphine

Mais ma tante, c’est la pâle Phœbé !

Madame Gaudin

Mon Dieu ! que cet auteur-là a donc d’esprit !… (Fulbert rentre avec une tasse de lait à la main et passe à droite.) Sa broche d’opale !… M. Paul de Kock aurait dit tout platement la lune… Ah ! le vilain homme !

Fulbert, à part avec mépris.

Il aurait dit la lune… le ferblantier ! (On sonne.) Voilà ! Voilà !

Madame Gaudin

Ah ! Fulbert… comment vont ces Messieurs ?