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Page:Labiche - Les Précieux, comédie en un acte, mêlée de chant, 1855.djvu/6

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Delphine

Ce n’est pas ma faute… M. de Vertchoisi a toujours des choses si aimables à vous dire !… Hier, il m’a comparée à une goutte de rosée endormie au sein d’un pavot.

Madame Gaudin

Ah ! le sein d’un pavot !… cela flatte une femme… c’est comme ce fou de Valtravers qui, il y a trois jours, me comparait à une cavale… pétrie dans un rayon de soleil !… (Modestement.) Mais je ne l’ai pas cru… soyons fortes… ô ma nièce, et mettons un cadenas d’ivoire à la porte de nos rêveries !


Scène IV

MADAME GAUDIN, DELPHINE, OLYMPE. [Olympe, Madame Gaudin, Delphine]
Olympe, entrant par la gauche, à part.

Ah ! mais, ça m’ennuie de faire le pied de grue.

Madame Gaudin

Qu’y a-t-il ?

Olympe

On m’a dit que Madame avait besoin d’une ouvrière.

Madame Gaudin

Oui ! je sais… (À part.) Quel ennui !

Olympe

Je dois prévenir Madame que je n’ai pas l’habitude d’aller en journée… c’est la première fois…

Madame Gaudin

Très bien…

Olympe

Je sais faire les robes. [Madame Gaudin, Olympe Delphine.]

Delphine

C’est bon.

Olympe

Je travaille bien dans le linge !

Madame Gaudin

Assez !… je vous arrête.

Olympe, étonnée.

Ah bah ! Et pour ce qui est de la probité…

Madame Gaudin

La probité !… on ne vous demande pas ça… savez-vous comment M. Ulric la définit, la probité !

Olympe

M. Ulric ?

Madame Gaudin, d’un ton satanique.

Un flocon de neige qui n’attend pour fondre qu’un rayon de soleil.

Delphine, avec enthousiasme.

Que c’est beau !