Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 02.djvu/61

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MADAME PERRICHON

Sourd à quarante-sept ans !

ARMAND, à part.

Tiens ! il est sourd, notre correspondant ? C’est donc pour ça qu’il ne répond jamais à nos lettres.

MADAME PERRICHON

Est-ce singulier ? c’est un ami de Pingley qui sauve mon mari !… Il y a de bien grands hasards dans le monde.

ARMAND

Souvent aussi on attribue au hasard des péripéties dont il est parfaitement innocent.

MADAME PERRICHON

Ah ! oui… souvent aussi on attribue… (À part.) Qu’est-ce qu’il veut dire ?

ARMAND

Ainsi, madame, notre rencontre en chemin de fer, puis à Lyon, puis à Genève, à Chamouny, ici même, vous mettez tout cela sur le compte du hasard ?

MADAME PERRICHON

En voyage, on se retrouve…

ARMAND

Certainement… surtout quand on se cherche.

MADAME PERRICHON

Comment ?

ARMAND

Oui, madame, il ne m’est pas permis de jouer plus longtemps la comédie du hasard ; je vous dois la vérité, pour vous, pour mademoiselle votre fille.

MADAME PERRICHON

Ma fille !