Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 04.djvu/350

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c Y avait dans la même wagon un monsieur avec une chaîne d’or et un poupon sur les genoux… y se met à me causer… parce qu’entre nourrices… on se cause… Je lui dis mon nom, mon adresse… À la première estation, nous prenons un verre de vin ; à la seconde, y me dit : "Voulez-vous garder Toto un moment ?… je vais causer avec mon banquier qui est dans les premières. — Volontiers… entre nourrices ça se fait."

Pépinois.

Et puis il vous avait payé du vin…

Sabouleux. — J’attends une minute… deux minutes… derling ! derling ! on sonne !… l’employé ferme la portière. Je lui dis "Pardon… il y a un monsieur qui cause avec son banquier. — Ah bien, il y a longtemps qu’il est parti ! — Comment ! " Futh ! futh ! v’là le convoi qui repart !… et je me trouve avec deux nourrissons.

Pépinois.

Un par station ! c’est une fameuse ligne !… À votre place, j’aurais baptisé le moutard : "Toto ou l’enfant du chemin de fer…"

Sabouleux.

J’étais pas en train de rire. J’arrive ici avec mes deux colis… un sur chaque bras… J’entre, j’appelle… Nastasie ! Nastasie !… personne !

Pépinois

Air : Un matelot

Pauvre voisin ! quel souvenir pénible

Sabouleux

Sèche ton œil ! Rien n’est plus familier !
On voit chaqu’jour la femme la plus sensible
Filer sans bruit avec un cuirassier.