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Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 05.djvu/193

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m’a mené à Cambrai pour faire ma cour à ma future… Aussi, la première fois, je ne lui ai rien dit… la seconde fois…

Antoine, sortant de la droite, et tenant la gravure de Daphnis et Chloé, à lui-même.

Le fait est que ces costumes-là pour des dames…

Godefroid, sursautant.

Hein !…

Antoine.

Rien !… C’est moi qui va accrocher Daphnis dans la chambre à Monsieur.

Il entre à gauche.

Godefroid, reprenant.
La seconde fois… je ne lui ai rien dit non plus !… la troisième fois… nous étions seuls dans le salon… le jour tombait… j’étais ému… j’osai lui dire : "Mademoiselle, quelle heure est-il ?

Sept heures trois quarts ! " fut sa réponse… Voilà les seuls mots que nous avons échangés… et pourtant je l’aime ! mais l’amour est aux hommes ce que le vinaigre est aux cornichons… il les confit.

Antoine, sortant de la gauche.

C’est accroché ! Maintenant je vais m’occuper du déjeuner.

Godefroid.

Ah ! Antoine, nous attendons du monde… tâche de ne pas me mettre à table à côté d’une dame… ni d’une demoiselle.

Antoine.

Ah çà ! elle vous déplaît donc, cette demoiselle ?

Godefroid.

Au contraire !… mais nous ne nous parlons pas… nous nous regardons…